Article paru dans  l'Est Républicain le 9 novembre 2004 en page Vosges

Les Matussière espèrent que la société va obéir à la mise en demeure du juge de remettre le chauffage dans l’usine.

Matussière : un mince espoir
Lenk va tenter de trouver d'autres partenaires et de faire une nouvelle offre. « Si le 15 décembre, l'affaire n'est pas réglée, c'est fini », prévient Christian Poncelet.

A la demande des Matussière, un nouveau point de la situation a été fait, hier au conseil général, sur la reprise de l'usine de Rambervillers par le papetier allemand. Un tour du propriétaire consécutif à la rencontre enfin constructive qui a eu lieu entre les différentes parties vendredi dernier à Grenoble (E.R. du samedi 6 novembre). Christian Poncelet a dirigé cette table ronde à laquelle participaient, entre autres, Lutz-Werner Braun, le Pdg de Lenk, Maître Epp, son avocat-traducteur, Michel Heinrich, ainsi que les délégués syndicaux de l'entreprise et leurs conseillers.

On le sait, l'industriel allemand est toujours intéressé par l'usine de Rambervillers, mais il a perdu en route les deux financiers qui étaient à la base de son offre d'un montant de « 8-9 M€ » qui prévoyait « 104 embauches ». « Nous sommes là pour trouver un partenariat afin de construire un accompagnement financier qui permette à Lenk de faire une deuxième proposition », a lancé Jean-Marie Rocklin, de la Filpac CGT, pour ouvrir les débats.

« Ce qu'il manque, c'est l'essentiel, à savoir l'argent », a aussitôt embrayé le président du Sénat, avant d'entrer dans le vif du sujet, interrogeant ainsi le PDG de Lenk : « Pouvez-vous convaincre vos associés de revenir ou en trouver d'autres, puis formuler une nouvelle offre dans les trois semaines qui viennent ? ». Ce à quoi Werner Braun a répondu, avec une extrême prudence : « Je ne crois pas que nos partenaires reviendront car ils se sont sentis maltraités. Nous allons prendre un certain nombre de contacts avec d'autres papetiers, mais cela sera très difficile ». Une réponse qui ne laisse entrevoir qu'un mince espoir.

Pas dans les attributions du département

Peut-être que les uns et les autres nourrissaient l'espérance que le département puisse apporter son aide. Mais Christian Poncelet a été clair : « Nous ne disposons pas de l'argent public comme ça. Nous pouvons intervenir concernant l'immobilier, mais pas sur le reste ». La manne financière est donc à trouver ailleurs. Et c'est à Lenk de se débrouiller, sachant que le département va faire remonter les conditions du papetier allemand auprès des autorités judiciaires.

L'autre point important de la réunion concernait la nécessité que le chauffage soit rapidement remis en route dans l'usine. Là aussi, le président du conseil général, refroidi par l'attitude négative de la direction de Matussière et des administrateurs depuis le début de l'affaire, est resté ferme sur ses positions : « La société doit faire le nécessaire. Mais elle freine car elle serait ravie que nous le fassions à sa place. Pas question. Pour intervenir, il faudrait vraiment que nous ayons une assurance forte ».

Des représentants de la société, laquelle a été mise en demeure d'entretenir l'usine par le juge-commissaire, sont venus sur le site de Rambervillers hier matin. « Pour voir comment ils pouvaient procéder pour remettre le chauffage », précise Jean-Christophe Capdet, l'un des délégués. Mais les Matussière ont appris à être très méfiants. « Il ne faut surtout pas créer trop d'espoirs », concluait Yannick Marquis, le secrétaire du CE, à l'issue de la réunion. Tout le monde l'avait compris ainsi.

P.H.W.

 

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