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Article paru dans l'Est Républicain le 16
décembre 2004 en page
Vosges
![]() Courrier de l’avocat de Lenk en main, la conseillère générale Martine Gimmillaro est venue faire le point avec Jean-Christophe Capdet (à droite) et les délégués Filpac CGT, Guy Peyrroneau et Jean-Marie Rocklin. Photo Philippe BRIQUELEUR Les Matussière
n'abdiquent pas Conformément à l'échéancier fixé le 8 novembre dernier par
Christian Poncelet, Lenk, le papetier allemand, devait donner une réponse
hier. Il s'est bel et bien exécuté. En fin de matinée, Emil Epp,
l'avocat de l'industriel, a rendu sa copie par fax au conseil général.
« J'ai le regret de devoir vous informer qu'en l'état actuel
d'avancement de l'affaire, la société Lenk n'est pas en mesure de
soumettre aux administrateurs judiciaires un nouveau projet de reprise
pour le site de Rambervillers... », dit la missive que Martine
Gimmillaro, la conseillère générale, est venue transmettre, en début
d'après-midi, aux Matussière retranchés dans l'usine.
Enième mauvaise nouvelle pour des salariés accrochés à l'espoir,
même mince, d'un déblocage de la situation. Néanmoins, à l'heure où
le chauffage, remis en route depuis jeudi dernier, assure une température
de 13 degrés dans l'usine et préserve ainsi les machines du gel (un
contrat de vapeur a été signé pour les quinze jours à venir),
personne n'est décidé à lâcher prise à Rambervillers. « Il faut donner un peu de temps au dossier car celui-ci n'est
pas enterré. Lenk attend les documents cadastraux que doivent lui
remettre les administrateurs judiciaires. La situation est fragile mais
il y a encore de l'espoir », soulignent en choeur Jean-Christophe
Capdet, l'un des représentants du personnel, et Jean-Marie Rocklin de
la Filpac CGT. Ce dernier va même plus loin en ajoutant que Lenk a démarché
de nouveaux partenaires, un papetier basé à Gelsenkirchen notamment,
et que « l'aspect financier ne serait plus le problème ».
L'origine du blocage est identifiée depuis belle lurette. Si les
administrateurs judiciaires ont effectivement remis certaines pièces à
la société Lenk, ils freinent des quatre fers concernant d'autres
documents qui n'ont pas encore fait le voyage de Grenoble jusqu'en Forêt
Noire. « J'ai eu l'assurance par le juge-commissaire Augier que ce
serait fait », confie Jean-Christophe Capdet. Mais l'industriel
allemand attend toujours. Ce qui fait dire à Guy Peyrronneau, de la
Filpac CGT : « Le tribunal de commerce de Grenoble est aux ordres
de Matussière et Forest qui refuse de vendre. C'est scandaleux.
Il faut une mobilisation générale pour faire changer les choses ».
Reste que l'étau se resserre pour les Matussière. Demain
soir, onze des treize salariés protégés seront en effet
officiellement licenciés. Ils ne pourront donc plus se rendre à l'intérieur
de l'usine et protéger efficacement l'outil de travail. Comme ils l'ont
d'ailleurs fait avant-hier alors qu'un huissier mandaté par la
direction de MF a voulu s'emparer de matériels informatiques. Une
offensive déjouée par Jean-Christophe Capdet et d'autres délégués
qui ont fait constater l'absence de numéros de série sur la liste présentée.
Lundi matin, seuls deux délégués du personnel, seront encore autorisés à pénétrer dans l'usine
et ce jusqu'au 13 février. Dans ces conditions, il deviendra difficile
de s'opposer à de nouvelles démarches de la direction. Mais leurs collègues
ne les abandonneront pas. « Pour sauver 104 emplois, je suis prêt
à camper avec ma tente devant l'entrée », lâche Jean-Christophe
Capdet. Après 345 jours de lutte, les Matussière ne vont pas
abdiquer aussi facilement. Tant qu'un espoir subsiste... Pierre-Henry WEXLER . |
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