Article paru dans l'Est Républicain en page Vosges le 06 mars 2004

Les Matussière ont été reçus au conseil général par le président Poncelet. 
Au centre, Jean-Christophe Capdet, CGT. Photo Stéphane CALMELS

Matussière : pistes suédoise et allemande

La journée avait commencé à Epinal. Une délégation de la CGT et de la CFDT forte de huit personnes a été reçue hier matin par le président du conseil général Christian Poncelet, en présence des députés Véronique Mathieu, Gérard Cherpion, Michel Heinrich et du vice-président de la Région, Daniel Gremillet. Le Capev était également présent en la personne de Dominique Dautriche, chargé de mission.

Le président Poncelet a tout d'abord signé devant ses hôtes une lettre où il demande aux patrons du groupe papetier de bien vouloir préciser leurs intentions, et en particulier s'ils sont toujours vendeurs du site. Le courrier, daté d'hier, est adressé à M. Kreitmann, directeur général du groupe.

Le Capev a en effet plusieurs « touches » par des sociétés intéressées. Il s'agit d'un papetier allemand qui est venu au siège de PMF, à Meylan dans l'Isère, d'un autre papetier, actuellement au Japon, qui a manifesté de l'intérêt pour le site, enfin d'un papetier suédois. Celui-ci devrait venir visiter le site jeudi prochain.

Aller vite
Le Capev a en outre précisé aux représentants des salariés que la solution Forinpart, un groupe spécialisé dans le recyclage est toujours à l'étude.

De l'avis général, tous les participants à la réunion sont tombés d'accord pour aller vite, car la liquidation pourrait intervenir le 26 avril. Pour le Département, l'intérêt du site est démontré, mais pas pour y faire des enveloppes, activité qui a plombé les comptes de la société rambuvetaise... L'idéal serait que l'activité papetière soit conservée, au moins en partie, avec une autre à côté, afin de sauvegarder les deux cents emplois actuels.

Parmi les salariés, la CGT serait d'avis que les pouvoirs publics exercent une plus grande pression sur le groupe pour le contraindre à vendre. Une analyse qui n'est pas partagée par la CFDT, laquelle considère que Matussière et Forest a toutes les clés en main. De son côté, Christian Poncelet souhaite que Matussière soit un interlocuteur plus présent... Ce qui n'a pas l'air d'avoir été trop le cas jusqu'ici.

Débrayage l'après-midi
L'après-midi, les salariés ont débrayé dès 13 h 30, pour toute l'après-midi, à l'occasion du Comité d'établissement faisant suite au Comité central d'établissement de la veille. Au nom de l'intersyndicale CGT et CFDT, Jean-Christophe Capdet, délégué CGT, au côté de Yannick Marquis, secrétaire du Comité d'entreprise vint lire un communiqué annonçant que les représentants des salariés allaient attaquer la direction de PMF en justice, « pour casser le plan social... Nous allons saisir Me Philippe Brun, avocat au Barreau de Reims ». L'homme de loi est spécialisé dans ce type d'action.

Pour les salariés, c'est la dernière carte afin d'obliger la direction à céder rapidement le site et ainsi sauvegarder l'emploi, les 200 de Rambervillers, mais qui sont 398 en tout sur toutes les usines du groupe, le plan social ne concernant pas seulement l'usine vosgienne.

Cette action est urgente, puisque la date-butoir où seront expédiées les lettres de licenciement est le 26 avril. Mais entre le CE d'hier et cette date, il y a encore une fenêtre de tir, une marge de manœuvre pour mettre en cause le plan social. A l'issue de cette communication, les salariés sont entrés en assemblée générale à l'intérieur de l'usine pour mettre au clair les modalités d'action, et faire le point sur cette journée riche en informations.

Guillaume MAZEAUD

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