Article paru dans l'Est Républicain en page Vosges le 8 mail 2004

Cette fois, les techniciens du groupe Werra ont fait le déplacement : réponse dans les deux semaines. Photos Claude ROUX

Matussière : Christian Poncelet fait la promo
Le président du Conseil général a accompagné hier dans l'usine Werner Eichler le patron du groupe allemand Werra Papier, spécialisé dans la ouate de cellulose et intéressé par une reprise... si le PDG de MF veut vendre !

Avant de recevoir à déjeuner la ministre Nelly Olin, Christian Poncelet a consacré sa matinée d'hier à la papeterie Matussière et Forest de Rambervillers. Le décor s'y est figé : blocus et pendu symbolique à l'entrée, où les équipes se succèdent, entre chalets et feu de bois, pour garder les 3.000 tonnes de stock. Un petit groupe de salariés attend les visiteurs : Christian Poncelet, accompagné d'un autre repreneur potentiel, Werner Eichler.

Cet industriel autrichien, époux d'une Suissesse et habitant près de Montreux, est le patron du groupe Werra Papier qui exploite deux papeteries en Thuringe (ex-RDA) spécialisées dans la ouate de cellulose, produits finis inclus, vendus à 90 % sur le marché allemand.

230 salariés 55.000 tonnes/an
« La première date de 1957. Elle a été rachetée au gouvernement allemand et fabrique du crêpe pour papier toilette et essuie-mains. La seconde date de 1998 et fabrique de la ouate de meilleure qualité à base de vieux papiers », explique plus tard Werner Eichler, dans un français parfait. « Les deux usines emploient 230 salariés et produisent 55.000 tonnes de ouate par an pour un chiffre d'affaires de 45 millions d'euros. Actuellement, nous en créons une troisième, qui produira de la ouate de qualité supérieure. »

Avant ce debriefing, place à la visite de l'usine, où Werner Eichler est revenu cette fois accompagné de ses ingénieurs, tandis que Christian Poncelet, accueilli par le directeur du site Eric Royal, est entouré de Raymond Dégémard, le vice-président du Conseil général chargé des affaires économiques, du directeur général des services André Arnaise et du nouveau secrétaire général du Capev Dominique Dautriche.

Le PDG de Matussière incontournable
Entre les pulpeurs géants où les briques de lait commencent leur mutation en pâte, on commente les derniers épisodes de la bataille pour la survie : une nouvelle visite jeudi à Rambervillers de M. Braun, le patron de Lenk, jeudi ; le troisième repreneur potentiel (italien), qui lorgne aussi sur l'usine de Raon-l'Etape... dont Matussière n'autorise même pas la visite ; et le « lapin » posé mardi au président du Sénat par le PDG de MF, Henri Kreitmann qui, malgré le placement du groupe en redressement judiciaire, reste l'interlocuteur incontournable pour les candidats au rachat...

Même s'il donne son feu vert, ce n'est pas demain que la papeterie tournerait pour Werra Papier, qui devrait d'abord y installer une machine à ouate de cellulose pour le marché français, ce qui prendrait un an : « Votre production d'enveloppes est impossible à continuer. Nous ne connaissons que la ouate. C'est pourquoi nous sommes venus voir si nous pouvons transformer l'usine pour en faire ici », explique Werner Eichler, vantant pour les salariés le système Werra (salaire fixe + primes de productivité, syndicat unique) qui rend « tout le monde très heureux » et qui a fait passer la production d'une machine de 95 à 110 tonnes.


Rapport dans les deux semaines
A Rambervillers, il pourrait reprendre « 80 à 90 personnes » pour produire 32.000 tonnes. « L'important, ici, c'est la matière première ! » (les briques alimentaires recyclées), souligne Christian Poncelet, rappelant l'ouverture prochaine de la 2x2 voies Epinal-Ramber. « Et l'énergie », ajoute Eric Royal, rappelant que l'usine achète la vapeur de la Sovvad.

Werner Eichler promet un rapport dans les deux semaines. « Il faut réfléchir vite, pour que le matériel ne se détériore pas et que le personnel ne se disperse pas », insiste le président du Conseil général, conseillant au patron autrichien de faire une offre globale à Henri Kreitmann pour l'immobilier et le mobilier, lui-même se chargeant de décrocher les subventions. « Mais est-ce qu'il veut vendre ? C'est notre crainte », dit le délégué CFDT Frédéric Balland. « Pour moi », avoue Christian Poncelet, « c'est encore un point d'interrogation... »

Catherine MICHELET-FRÉMIOT

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