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Article paru dans l'Est Républicain le 16
octobre 2004 en page
Vosges
Un énorme gâchis Depuis dix mois, les 203 salariés n'avaient jamais cessé le combat
ni perdu espoir. Ils avaient manifesté à Rambervillers et Epinal, avec
le soutien des élus, toutes couleurs politiques confondues, des
syndicats unis, des acteurs économiques. Chacun a été frappé par
leur comportement responsable : jamais de violences, et surtout, une
surveillance incessante de leur usine, une maintenance vigilante de leur
outil de travail. Compte tenu de ce comportement, la justice leur avait
récemment donné raison face à leur employeur qui voulait les expulser
des lieux. Car l'enjeu, c'était d'apparaître performant vis-à-vis des
repreneurs qui se sont succédé en nombre à Rambervillers, cité douchée
par une cascade de sinistres économiques et sociaux dans le textile, la
métallurgie ou la miroiterie.
Les salariés de Matussière ont conscience de disposer d'une
richesse incomparable avec leur savoir-faire : l'usine était, entre
autres, l'une des rares qui soit capable de transformer les briques à
lait tetra-pack en enveloppes ou papier d'emballage.
La mise en redressement judiciaire, le 30 avril, est apparue comme
une chance supplémentaire : le tribunal de commerce de l'Isère allait
disposer d'une volonté ou d'une latitude plus grande que les propriétaires
pour négocier la cession de l'usine. Un espoir cruellement déçu.
A plusieurs reprises, un repreneur de la Forêt Noire s'est présenté
: Lenk, une entreprise familiale spécialisée dans les niches de
l'activité papetière (lire ci-contre). Ce candidat sérieux voulait
investir, reprendre 103 emplois. Il a procédé à des études
techniques, commerciales, et financières, a trouvé des aides dans les
Vosges, des partenaires en Allemagne. Seul lui manquait le feu vert des
vendeurs. Hier, il a jeté l'éponge, irrévocablement, faisant une
foule de perdants, dont les premiers salariés et leurs familles. Une
conclusion d'autant plus navrante que le comportement de chaque employé
a été responsable. Sans qu'on voie de lumière à l'issue de cette
affaire. Quand un industriel autrichien s'est proposé d'acheter les
usines de Rambervillers et Raon, on lui a interdit de visiter ce dernier
site !
J. -P. V. . |
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