Article paru dans  l'Est Républicain le 17 octobre 2004 en page Vosges


Matussières : la dernière cartouche

Après le coup de massue reçu vendredi, Christian Poncelet et différents élus ainsi que les représentants du personnel de Matussière et Forest ont vite réagi. Par courrier, ils demandent à Lenk de maintenir son offre.

« Que voulez-vous que je vous dise, on a tous les pattes coupées ». Comme tout ceux qui suivent le dossier depuis le début, comme tous ceux qui se battent au quotidien depuis des mois et des mois, Gérard Keller, le maire de Rambervillers, était encore sous le choc hier. Depuis la nouvelle de la veille (notre édition d'hier) annonçant le retrait du repreneur potentiel, en l'occurrence l'Allemand Lenk, le canton dans son ensemble a pris une nouvelle gifle en pleine figure. Le secteur n'avait vraiment pas besoin de ce nouveau coup de massue. Devant l'usine, hier matin, un groupe de salariés, au repos forcé, ne dira pas autre chose. « Que va-t-on devenir ? » lâchait l'un d'eux. « On veut bien chercher du travail, mais où ? Il n'y en a pas ». Terrible constat pour tout le monde. « On nous conseille de changer de région » constate un autre. « Mais vous vous rendez compte de ce que ça veut dire pour quelqu'un qui vient de construire dans le coin... ».

 

Facile à imaginer ! Pas simple également de comprendre pourquoi Matussière, qui freine des quatre fers depuis le début, n'a pas répondu favorablement à l'offre de Lenk, le seul repreneur potentiel. A force d'attendre, l'industriel allemand a tranché dans le vif et a retiré purement et simplement sa proposition.


Efforts en commun

Face à cette situation pour le moins absurde, les réactions n'ont pas tardé. Le hasard ayant voulu que Christian Poncelet et Michel Heinrich soient « rambuvetais » hier, tout est allé très vite. Entre la visite des Transports Aubry et l'inauguration des nouveaux locaux de l'autocariste Launoy, le président du Conseil général, le député de la circonscription auxquels s'étaient joints Martine Gimmillaro (conseillère générale), Véronique Mathieu (députée européenne) et Gérard Keller ont mis leurs efforts en commun.

A l'issue d'une première entrevue le matin avec les représentants de la CGT de la papeterie, MM. Capdet, Marquis et Chassard, les élus ont rédigé un courrier. Ce courrier, cosigné par Mme Gimmillaro, MM. Poncelet, Heinrich et Keller a ensuite été adressé à Lutz W. Braun, président de l'entreprise Lenk, à Me Emile Epp, l'avocat de l'industriel allemand et à Me Brun, celui des salariés.

Un courrier bref, mais explicite. Qui, en substance, dit ceci : « Nous vous demandons de maintenir votre offre jusqu'à la date du jugement, donnant ainsi au Tribunal de Commerce (de Grenoble) la charge de prendre sa décision en toute connaissance de cause ».


« Ça dépasse ce qu'on peut imaginer »

Une ultime action qui conditionnera évidemment la suite, étant entendu qu'avant l'audience du Tribunal de Commerce, programmée le jeudi 21 octobre, doit obligatoirement se tenir un Comité central d'entreprise. Lequel donne un avis consultatif. Or, celui-ci, qui était prévu ce lundi peut être déplacé. Dernière précision, si Lenk ne représente pas son offre, tout tombe à l'eau. On n'en est pas là même si le temps presse.

Si Christian Poncelet « déplore l'attitude de Matussière, alors que le plan de financement de Lenk est au point, que les commandes sont là » (voir également notre édition de samedi), Michel Heinrich s'offusque également du comportement des actuels propriétaires du site de Rambervillers.

« Déjà, Me Epp a confirmé qu'il ne pouvait pas entrer en relation avec les administrateurs. Ensuite, on se rend compte que le patron est prêt à tuer l'outil pour ne rien en faire. Ça dépasse vraiment tout ce qu'on peut imaginer ».

Comment penser le contraire ?

Claude GIRARDET

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